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La Rose dans la vallée
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28 mars 2016

Quand tout se négocie, rien ne se respecte

Ainsi l’ordre public social universel va s’effacer, selon la loi dite El Khomri, devant les règlements négociés au cas par cas, entreprise par entreprise, sous l’égide du patron redevenu de droit divin.

« Le temps nécessaire aux opérations d’habillage et de déshabillage, lorsque le port d’une tenue de travail est imposé, (…) fait l’objet de contreparties. Ces contreparties sont accordées soit sous forme de repos, soit sous forme financière »

Puisque tout va se négocier, les patrons anticipent : la direction d’Airbus Nantes et St Nazaire a déjà exigé que les salariés pointent après s’être habillés en bleus de travail. Ce qui représente une augmentation du temps de travail de 20 minutes. En bonne négociatrice, sûre d’elle même, la direction propose 60 euros par mois pour les 10 heures supplémentaires ainsi extorquées.

Dans l’agro-alimentaire, le temps d’habillage et de déshabillage, a été estimé par les patrons eux-mêmes à 117 h par an par salarié. Jusqu’à la deuxième loi Aubry de janvier 2000, c’était gratuit. Il avait alors été décidé que cela ferait l’objet d’une « contrepartie » (prime). Même cette (modeste) contrepartie va pouvoir être remise en cause : en une vie de 43 ans de travail, les salariés dans cette branche pourront s’habiller et se déshabiller gratuitement 5031 heures pour leurs patrons.

Au centre d’appel Téléperformance, Blagnac, Toulouse, la direction exige dorénavant des 400 salariés, que les « pauses pipi » soient demandées par mel, et accordées préalablement par un supérieur. Chaque salarié a le droit à une demi-heure de pause pour une journée de 7 h de travail. Que ce soit pour boire un verre d’eau à la fontaine, fumer une cigarette ou manger un sandwich il faudra le demander par mel y compris pour satisfaire un besoin physiologique.

Une entreprise nord-coréenne du Honduras Kyunfgshin-Lear oblige ses salariés à porter des  couches pour éviter la pause pipi, rapportent Midi Libre et Le Point, d’après Daniel Duron, le secrétaire général de la Central Genéral de Trabajadores de Tegucigalpa. Vrai ou faux ? Mais la logique du profit maximum ne conduit-elle pas à ça ?

La société́ Altran avait cru pouvoir décompter le temps de travail en forfait jours. Par cette mesure, l’employeur avait réussi à abaisser le taux horaire de la rémunération. Ce mécanisme permet de rémunérer les salariés sur la base d’un forfait, indépendamment des heures de travail réellement effectuées. La Cour de cassation dans un arrêt du 4 novembre 2015 (n°14-25745) avait pourtant réaffirmé que « lorsqu’un employeur est lié par les clauses d’une convention collective, ces clauses s’appliquent au contrat de travail, sauf stipulations plus favorables et que le salarié ne peut renoncer aux droits qu’il tient de la convention collective ». He bien, c’en sera fini avec la nouvelle loi El Khomri, cela pourra être « négocié » et l’entreprise l’emporter sur la branche.

 Gérard Filoche

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