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La Rose dans la vallée
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2 avril 2018

la fin de la parenthèse enchantée pour E.Macron

par Thomas Legrand

Première épreuve sociale d’ampleur pour Emmanuel Macron.

Et par la même, fin de la parenthèse sociale enchantée pour ce nouveau pouvoir qui ne prétendait pas simplement succéder à la précédente majorité, dans le rythme classique du balancier de l’alternance, mais qui devait nous faire changer d’ère, nous sortir de cette société d’affrontement qui avait fini par épuiser notre démocratie. La première année, Emmanuel Macron a pu réformer, parce que les Français, cohérents, laissaient agir celui qu’ils avaient élu. D’autant que le président s’était fait élire en annonçant la couleur. Mais un an après, ça ne passe plus facilement : la réforme de la SNCF, bien qu’abordée pendant la campagne, n’était pas au cœur des débats. Pourquoi cette réforme inquiète-elle assez de Français pour que la grève bénéficie d’un soutien, sinon majoritaire, du moins conséquent ? Sans doute parce que le gouvernement touche à un monument national, un service public moderne et perçu, malgré son fonctionnement commercial, comme un bien public. 

Donc, la SNCF ne sera jamais réformable ?

Tout ce qui sera perçu comme une privatisation rampante, sera durement combattu par les agents et par une partie importante des Français. Le gouvernement a perdu la bataille sémantique : « privatisation », ce mot est maintenant accolé à la réforme ! La réforme est vue comme le détricotage libéral d’un service public, plutôt que comme l’adaptation d’un champion public français.  Pour réformer un tel mastodonte, emblématique dans l’imaginaire des Français, sans drame, sans cet affrontement très ancien monde, il faudrait que le but politique, l’horizon du macronisme, soit mieux défini. Où va-t-on ? Vers quelle société ce pouvoir nous propose-t-il d’aller ? Sans réponse vraiment claire, plus de réforme structurelle possible dans une relative concorde. Emmanuel Macron s’est fait élire pour renouveler une classe politique usée. Il s’est fait élire sur un slogan fort et très incarné, jusque dans les initiales de son propre nom : En Marche. Les Français ont accepté, par une majorité très relative, de se mettre en marche au 1ertour, par une très forte majorité de refuser l’extrême droite au 2nd tour, sont donc montés dans le train du macronisme. Ils y sont montés pour sortir de la déprime politique, du jeu binaire -opposition gauche-droite- devenu factice. Ils sont maintenant dans le train, «en marche». Seulement là, commence à se poser la question de la destination. Quitter la gare de l’ancien monde était une nécessité, connaitre la destination du train, maintenant qu’il atteint sa vitesse de croisière, devient un impératif. C’est quand même la moindre des choses ! Finalement on en revient toujours au même point, depuis quelques mois, s’agissant du macronisme : il ne nous dit plus où il va. Il manque une parole présidentielle forte sur son objectif réel. Sans ces précisions, la réforme de la SNCF et toute autre réforme n’apparaitront que comme une dérégulation subie, générale et déguisée. Si Emmanuel Macron n’est pas capable d’exprimer le sens profond, existentiel, de son action, alors ce sont les anciens mots, les anciennes postures qui animeront toujours –à l’instar de ce qui se passe avec la SNCF- la vie politique et sociale du pays...

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