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La Rose dans la vallée
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8 mars 2017

Pas crédibie ?? Pour une déradicalisation économique

economie intégriste

Faut-il combattre l’ordre néolibéral comme on fait la guerre aux terroristes ? A l’image des fanatiques de l’Etat islamique (EI) lobotomisés par la propagande version fou d’Allah, il existerait un intégrisme économique qui vénère son propre dieu, le «Marché» en l’occurrence. Dans cet ordre apostolique, la charia islamique est remplacée par une lecture rigoriste des évangiles économiques. A la différence que le premier système de croyance est minoritaire et aspire à un renversement de l’ordre existant, alors que le second est dominant, refusant toute évolution. Tel est le tableau que dresse Eric Berr, membre des Economistes atterrés dans son ouvrage l’Intégrisme économique (Les Liens qui libèrent).

Le professeur à l’université de Bordeaux pousse la métaphore religieuse jusqu’à proposer un Décalogue détaillé de la loi économique du puissant Ordre néolibéral : «1) L’austérité budgétaire tu prôneras. 2) La dépense publique tu diminueras. […]. 5) Une banque centrale indépendante tu chériras», etc. Et gare à ceux qui ne respecteraient pas les instructions morales selon la tradition, car une police religieuse chargée de réprimer toute velléité de remise en cause des dogmes veille au grain : Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Banque centrale européenne (BCE)… tous ont pour mission de vouer au bûcher de l’austérité les audacieux.

Tout comme l’Etat islamique et son armée de terroristes, le néolibéralisme possède ses adorateurs qu’il convient de déradicaliser. L’auteur fustige les apôtres de ce modèle qu’il cerne en France chez des économistes comme Pierre Cahuc et André Zylberberg, dont l’essai le Négationnisme économique (Flammarion, septembre 2016)a déclenché une vive polémique dans le milieu pour sa vision manichéenne. Pour ces prosélytes du marché, l’économie serait devenue une science expérimentale au même titre que la physique, la biologie ou la médecine. «Ces Torquemada de l’économie auraient vite fait de clouer au pilori un Thomas Piketty qui, comme beaucoup d’autres, ose s’élever contre la science économique.»

Thomas Piketty comme Eric Berr, à l’inverse de Pierre Cahuc et André Zylberberg, préfèrent l’expression «économie politique», quoiqu’un peu vieillotte, reconnaît Eric Berr, à celle de «science économique», jugée trop arrogante et la faisant passer pour un domaine supérieur, distinct des autres sciences sociales.

Si l’Etat islamique sévit depuis trois ans, cela fait quarante ans que les élites ont prêté allégeance au marché. Comment dès lors reprendre le contrôle sur cet espace internationalisé qui transforme tout ce qu’il touche en marchandise, et envisage tous les aspects de la vie sous l’angle de la compétition ?

En réponse, l’auteur prône le pari de l’intelligence collective et de la diversité des croyances : «Il est urgent d’instaurer la séparation de l’Ordre néolibéral et l’Etat, et de revenir à la laïcité économique, permettant la libre expression d’opinions économiques divergentes et la recherche véritable du bien commun.» Il rappelle que dans Race et Histoire, Claude Lévi-Strauss note que «l’humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l’un tend à instaurer l’unification, tandis que l’autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification». L’année d’une élection présidentielle est le bon moment pour trancher.

Simon Blin  
Original http://www.liberation.fr/debats/.....
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